Poussière (s) et tâches

Capteur Reflex numériques

poussieres

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S’il y a bien une grande différence, entre un appareil photo reflex argentique et un reflex numérique, c’est bien la problématique de la propreté du capteur sur les APN. Une visite des stands sur la Foire de la photo de Bièvres vous fera facilement comprendre. Là-bas, tous les boitiers argentiques sont exposés à l’air libre, sans le moindre bouchon. La poussière ? Ils s’en contrefichent, car ils n’ont pas de capteur. Si poussière il y a, alors au pire sur le film Fuji 24 ou 36 poses que l’on insèrera. D’autres part, les vieux briscards de la photo ne s’amusent pas à prendre une photo, puis à l’agrandir et à la scruter au centième de millimètre près à la recherche de tâches. Si nécessaire, ils utiliseront une plume d’autruche pour refaire une beauté à leur bijou de l’intérieur, ou souffleront à l’aide d’une poire.

C’est un fait. Alors qu’un film se change régulièrement, le capteur, lui, restera le même à vie. Donc, tôt ou tard, il prendra de la poussière, suite aux changements d’objectifs, et même tout simplement, suite à l’obturateur par ses va-et-viens incessant. Même les objectifs, surtout les zooms, prennent de la poussière de l’intérieur avec le temps.

Pour être précis, ce n’est même pas le capteur lui-même qui prendra la poussière, mais plutôt son filtre passe-bas (Low Pass Filter) posé juste par-dessus, qui a pour fonction d’éliminer les effets de moiré.

Je possède actuellement un Nikon D600. Et j’ai effectué un test, consistant à prendre un cliché du ciel, le plus homogène possible, à f/16 en sur-exposant d’un IL, dont voici le résultat :

Poussière

Poussière Nikon D600 @ 1 179 shots- Photoexposition.fr

Ce cliché a été pris à 1 179 déclenchements. A première vue, rien à signaler. Il faut déjà effectuer un agrandissement à 200% pour déceler de très légères tâches:

poussiere

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Comme vous pouvez le constater, c’est très, très léger (La voyez-vous ?)

En effectuant des réglages très poussés, on peut voir cela  (J’ai cerclé les tâches visibles). Je précise qu’il s’agit de la même image, avec de forts ajustements (Courbes, contrastes, accentuation zones claires etc, car aucun ciel ne ressemble à cela)

poussiere

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Nous constatons donc que le capteur n’est pas vierge de poussière, et cela sur l’ensemble de l’image. A moins d’être dans un environnement stérile, cela me semble normal.

Prenons maintenant un autre appareil : Nikon D3100 à 12 066 déclenchements (d’après Shootnum).

D’abord le cliché classique du ciel à f/22 avec surexposition +1IL:

poussiere

Nikon D3100 @ 12 066 shots – Photoexposition.fr

Et voici le passage à la loupe 200% :

poussiere

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Ici, la tâche est bien plus visible (Normal, nous sommes à + de 12 000 déclenchements). Et enfin, passons le cliché au même traitement que précédemment :

poussiere

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Là, c’est un festival. Je précise tout de même, que ces tâches ne sont pas visibles sur des photographies classiques, sur le terrain.

Que nous enseignent ces deux cas ?
Qu’un capteur absolument nickel et vierge, cela n’existe qu’à la sortie d’usine (Et encore, il faudrait vérifier ^^).
Faut-il nettoyer ces capteurs ? Oui, si ces tâches devaient se faire remarquer sur des photos, et non, si vous ne vous en rendez pas compte vous-mêmes.
Vous êtes photographe professionnel ? Dans ce cas, il y a fort à parier que d’une part, vous possédez plus qu’un seul boitier, et d’autre part, que vous envoyer les boitiers en révision et/ou nettoyage, après chaque mission dans des endroits du globe très contraignants (Zone de guerre avec fumée et nuages de poussières, désert sous des tempêtes etc), et cela certainement bien avant 5 000 déclenchements.

Actuellement, l’actualité photographique fait la part belle au cas Nikon D600 (aka sensor dust issue Nikon D600):

Dans le cas de mon Nikon D600, il n’y a rien d’alarmant. Les tâches, en utilisation normale, sont carrément indétectables. Par ailleurs, de part la nature de mon site et des divers essais que j’effectue, je suis amené à changer d’objectifs très souvent. Mon plus grand problème ne se situe même pas au niveau du capteur, mais des objectifs (en l’occurrence des filtres UV) qui se salissent bien plus souvent et abondamment que le capteur. Personnellement, je ne trouve pas que la poussière sur le capteur soit hors-normes. Toutefois, le tour d’horizon que j’ai tenté d’effectuer sur cette problématique, semble tout de même révéler des cas à prendre très au sérieux.
A mon sens, ce n’est pas la poussière qui est le vrai problème dans les cas avérés, mais l’attitude de Nikon (Il est impossible de fabriquer des produits en série industrielle avec un taux de rebut à 0,00%).
En toute état de cause, quel que soit le produit que l’on achète, du moment qu’on l’achète dans un circuit classique, avec facture en bonne et due forme, et que ce produit révèle des dysfonctionnement, le fabricant se doit de le prendre en SAV. La qualité d’un fabricant, toujours à mon sens, ne se cantonne pas à ses produits et à son marketing, mais à sa faculté à réagir face à ses soucis de qualité. Sur tous les cas signalés, il y a certainement des cas exagérés, mais il incombe au SAV de Nikon de faire la part entre les cas avérés, et les autres.
Un de mes lecteurs a eu, de toute évidence, un cas avéré de ce problème de poussière/tâches sur le capteur. Il l’a ramené à son revendeur, la FNAC, qui a fait le nécessaire en le renvoyant à Nikon. A son retour, le Nikon D600 fût à nouveau testé, sur place, et le lecteur et l’employé FNAC ont constaté à leur plus grand désarroi, encore des tâches. Résultat : Changement de boitier décrété par la FNAC.
A la vue de ses faits, et en toute objectivité, force est de constater les faits suivants :

  • Soit le D600 n’est jamais parti en retour chez Nikon (J’en doute, car la FNAC est maintenant obligé de remplacé le boitier tout court). Pour un revendeur, c’est une vraie galère, onéreuse, et croyez-moi, je sais de quoi je parle, étant revendeur video moi-même (Sans parler de la satisfaction clientèle qui en prend une claque)
  • Soit l’équipe technique de Nikon qui s’est occupée de ce boitier n’a rien fait (Là ce serait le pompon, et il conviendrait de faire le ménage)
  • Soit le D600 de ce lecteur démontre un problème sérieux de …. poussière anormale s’accumulant sur le capteur.

Dans tous les cas, cela retombe, d’abord sur l’acheteur, qui est le plus emmerdé de tous, et tôt ou tard, sur les futurs clients perdus, si Nikon n’entreprend rien et ne fait aucune déclaration. Rappelez-vous Apple et son problème d’antenne, Mercedes et ses premières Classe A, Toyota et le retour de 7 millions de Corolla etc etc. Nul n’est à l’abris d’un problème, mais celui qui ferra amende honorable se distinguera des ceux qui en font fi.